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ÉLOGE DE RAYEZ. 213 se peint tout entier.dans cette lettre, qui restera comme un titre d'honneur pour sa famille et comme un précieux docu- ment pour l'histoire de ces temps orageux :^nous en donnons quelques extraits : « Quelle est donc la loi, magistrats, qui vous autorise à « requérir notre dissolution? Quelle est du moins la loi que « nous avons violée, et dont la violation puisse servir de « base a la réquisition que vous nous adressez?.... « Vous invoquez, magistrats, le salut du peuple comme « loi suprême?... « Ce grand principe n'est gravé nulle part en caractères « plus ineffaçables que dans les cœurs ardents et sensibles « de la jeunesse bordelaise. « Mais ne craignez-vous pas vous-mêmes que les fau- « teurs des désordres et de l'anarchie ne profanent bientôt « cette sublime vérité en la faisant servir à leurs funestes « projets?Ne craignez-vous pas que les désorganisaleursqui « semblent vouloir punir la cité de Bordeaux de l'heureuse « paix dont elle jouit au sein des orages révolutionnaires qui « ont agité, bouleversé, ensanglanté même toutes les autres « parties de notre malheureuse France, n'exigent aussi, « comme mesure de salut public, de douloureux sacrifices « et n'amènent au milieu de nous, au nom du salut public, « ces malheurs et ces forfaits sur lesquels la justice et « l'humanité verseront des larmes éternelles?.... « Avez-vous dit h ce peuple, que nous ne nous assem- « blons que pour, maintenir les lois qui nous gouvernent, a défendre les propriétés de nos pères, de nos amis, de nos « concitoyens; protéger les personnes injustement compro- « mises et anéantir les tyrans, sous quelque forme qu'ils se « déguisent?... « N'en doutez pas, magistrats, si vous eussiez tenu ce « langage au peuple bordelais, il eût eu le succès que la