page suivante »
208 ÉLOGE DE BAVEZ.
Ainsi, sous la puissante action de cette jeune parole, les
prisons elles-mêmes semblaient se purifier ; la Terreur allait
bientôt en faire des sanctuaires.
Cependant, le parti modéré luttait encore, et parfois Ã
l'Assemblée législative il obtenait d'éphémères succès. Ce
fut dans une de ces rares et courtes haltes de l'entraînement
révolutionnaire que la Commission chargée d'instruire sur la
dénonciation portée contre Ravez et le tribunal lyonnais fit
son rapport h l'Assemblée. Elle trouva des accents pour dé-
fendre la liberté des avocats et l'indépendance des juges.
Elle démontra aisément qu'il ne s'agissait ni de conspiration,
ni de Haute Cour nationale, et, après une discussion ani-
mée , l'Assemblée passa à l'ordre du jour sur la pétition, le
22 juillet 1792.
Il était temps, car on arrivait a la veille du 10 août, et
qu'eût-on pu faire le lendemain?
Ravez fut mis en liberté par suite du décret de l'Assemblée
législative; toutefois, la Commune voulut lui imposer un
cautionnement qu'elle n'avait pas le droit d'exiger : M. Dareste,
son client, lui servit de caution.
Mais bientôt la chute du trône et les massacres du 2 sep-
tembre eurent à Lyon leur sanglant contre-coup ; on sait les
attentats de Pierre-Scize et de la prison de Roanne ; je jette
un voile sur ces pages funèbres
Ravez se trouvait exposé des premiers au ressentiment des
vainqueurs, car il leur avait deux fois enlevé leurs victimes,
et le dernier effort des modérés de l'Assemblée l'avait lui-
même arraché a leur vengeance. La famille de Ravez le con-
jura de se soustraire à leurs poursuites ; elle le détermina Ã
abandonner le barreau pour le commerce, et bientôt après
à quitter la cité.