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ÉLOGE DE RAYEZ. 203 je viens offrir un hommage à un éloquent compatriote qui honora longtemps ce fauteuil parlementaire dont l'indulgence de mes collègues a bien voulu, plus tard, me déférer l'hé- ritage. Ainsi, j'ai succédé à deux lyonnais illustres sans jamais avoir prétendu a l'honneur de les égaler ; et il me semble que le droit de les louer tous deux est le meilleur moyen que m'ait laissé la Providence d'oublier la distance et de m'élever jusqu'à eux. Peu de carrières sont plus dignes d'être retracées que celle de Ravez : on n'en saurait trouver de plus pleine, de plus variée, de plus haute. Le barreau, la politique, la magistrature, il a tout parcouru, et il s'est assis sur tous les sommets. Il a traversé les persécutions et les grandeurs; il les a portées dignement. 11 a vu les prisons comme le palais des rois, et son âme n'a connu ni la faiblesse ni l'enivrement. Il a toujours grandi sans se démentir jamais. Et cette grandeur ne s'est pas arrêtée a la tombe : sa mé- moire n'aura pas plus de déclin que sa vie. Ravez (Auguste-Simon-Hubert-Marie) naquit a Lyon en 1770, au sein d'une famille honorable, mais modeste : Un tel homme n'avait pas besoin d'aïeux, c'était lui qui allait deve- nir un ancêtre. Au reste, cette médiocrité de position ne Fempêcha pas de puiser à l'école du foyer domestique cette distinction de manières qui ne s'apprend guère plus tard, cette élévation de sentiments et de principes qui ne se perd jamais. Il appar- tenait a cette industrieuse bourgeoisie, fidèle aux mœurs chrétiennes, aux vertus de famille, aux loyales traditions qui caractérisaient une ville où le travail persévérant arrivait