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204 ÉLOGE DE RAVEZ. lentement k la fortune, mais sûrement a la conside'ration pu- blique. Ravez perdit son père de bonne heure : sa mère n'épargna aucun sacrifice pour féconder les heureuses dispositions de son fils. Elle voulut pour lui les meilleures écoles et les meilleurs maîtres ; elle le confia à la savante Congrégation de l'Oratoire. Mon père qui avait suivi les mêmes études, m'a souvent entretenu avec émotion des succès précoces de son ancien condisciple. J'ai le droit de dire qu'il était digne de l'apprécier. Ravez montra dès sa plus tendre jeunesse cette heureuse alliance de l'imagination, du jugement et de la mémoire qu caractérise la plénitude du génie. La nature, en lui prodiguant toutes ces facultés morales, ne l'avait pas moins richement doté de ces qualités extérieures dans lesquelles l'Antiquité, toujours idolâtre de la forme, se plaisait à admirer le plus séduisant prestige de l'orateur. Une voix harmonieuse et puissante, qui suffisait sans fati- gue aux plus vastes enceintes, un port majestueux, un geste tour a tour ardent et grave, un regard vif et profond, des traits nobles et doux, — tels étaient les dons privilégiés du jeune lyonnais, destiné à présider un jour les grandes assem- blées de son pays. De telles qualités l'appelaient à la profession d'avocat ; ses succès furent rapides. A vingt ans on l'entourait au barreau, on le recherchait dans le monde, on le chérissait dans la cité. Tout semblait lui promettre dans sa ville natale un long et brillant avenir. Mais les événements en disposèrent autrement. La révolution qui devait transformer la France et boule- verser l'Europe , allait exercer une décisive influence sur la vie entière de Ravez.