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202 ÉLOGE SE RAYEZ. tout a l'Académie, patronne naturelle de toutes les célébrités lyonnaises, de donner à cette grande mémoire la place qui lui appartient dans les annales de la cité. Le temps même aura imprimé une nouvelle autorité 'a vos paroles. Le moment des funérailles est souvent celui des complaisances oratoires ; ce jour-là les inimitiés sommeillent, les services revivent, les faiblesses restent dans l'ombre ; la flatterie envers les morts prend les proportions d'une générosité délicate et presque d'un pieux devoir ; la vérité se tait, et l'histoire attend. Mais de nos jours les enthousiasmes personnels s'éteignent vite, et après quinze années dont les vicissitudes égalent celles d'un siècle, la voix de la louange no peut plus passer pour le vain écho d'une adulation posthume. De son côté, l'esprit de parti saura respecter une tombe si glorieusement fermée. Il poursuit longtemps encore la mé- moire des gouvernements qui laissent après eux tant d'in- térêts et de passions ; mais le spectacle de nos variations politiques a appris aux opinions les plus diverses h honorer partout la grandeur des caractères. La justice arrive plus vite pour les hommes que pour les dynasties. Le jour est donc venu, et puisque votre inépuisable bien- veillance m'a appelé encore une fois aux honneurs de cette présidence littéraire, il m'a paru que je ne pouvais, pour ré- pondre à votre confiance, choisir un sujet plus digne de vous. Permettez-moi d'ajouter que j'acquitte, en même temps, une dette personnelle envers une autre présidence que Ravez exerça, pendant neuf années, par le choix de la Couronne et le suffrage des députés du pays. . Singulier rapprochement des temps et des destinées!.. La dernière fois que j'ai pris la parole dans cette enceinte, il m'a été donné de prononcer l'éloge d'un vertueux ministre, qui garda quelques mois les Sceaux de France , remis sous un autre règne à mes trop faibles mains. Et aujourd'hui,