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200                    ÉLOGE DE RAVEZ.

des intelligences qui ont honoré l'humanité, et de donner, en
quelque sorte, une nouvelle vie a la plus belle Å“uvre du
Créateur. Les Académies sont le foyer qui ne s'éteint jamais
et qui garde religieusement le dépôt de nos gloires, pour les
faire rayonner à leur heure et leur assurer une place immor-
telle dans le sanctuaire de la cité, dans le temple de la patrie.
    Ces glorifications posthumes sont d'ailleurs conformes à
l'esprit du temps. Ce siècle, si fertile en contradictions, se
montre surtout inconséquent pour ce qui touche le passé.
On dédaigne ses institutions, on restaure ses monuments ;
on est oublieux de ses principes, curieux de ses renommées.
Jamais les grandes vies ne furent étudiées avec plus de scru-
pule , célébrées avec plus de respect. On dirait qu'à mesure
que la mobilité des temps et la fragilité des opinions affaissent
plus tristement les caractères devant le prestige de la fortune
 et le culte du succès, les âmes sentent plus profondément le
besoin de chercher dans les types vigoureux du passé la
 constance qui nous échappe et la durée qui nous fuit.
    Ces natures fortes et sereines nous enseignent par leurs
luttes courageuses, et nous attachent par leurs pacifiques
 triomphes. On ressent dans lacontempIation.de leur histoire
je ne sais quelle satisfaction douce et grave tout ensemble,
 qui nous rend plus vigilants sur nous-mêmes, plus -fiers
 de la vertu de nos devanciers, plus jaloux du suffrage de
 nos descendants.

   Emu de cette pensée, fidèle à un noble exemple, je viens,
a mon tour, payer un tribut a une de nos plus hautes il-
lustrations. Celle-là n'avait rien perdu par le temps, mais
elle avait grandi loin de nous et les événements l'avaient
appelée a briller sur un autre théâtre. On a fait rejaillir tout
l'éclat de RAVEZ sur la cité qui honora sa carrière et possède
sa tombe. Je viens en revendiquer une part pour celle qui