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                         ORFÈVRERIE.                       18»
vu sa pensée ni si bien comprise ni aussi complètement
réalisée.
     Nous pourrions ajouter encore quelques détails pour
faire ressortir tous les mérites de cette exposition ; mais
il faudrait lui consacrer plus de pages ; cependant nous
en avons dit assez pour montrer que cette œuvre, vrai-
ment digne de notre vieille foi lyonnaise, se recommande
par des innovations originales, une iconographie bien en
 rapport avec la destination des objets, le bon style des
 statuettes, une grande douceur de teintes et l'emploi riche
 des émaux. Rien ne languit dans le travail ; on y sent un
.esprit d'invention qui, tout en restant dans les traditions,
 désire faire progresser l'art et répondre à la sublime fin
 de ces instruments du culte catholique.
     Mais comme nous avons annoncé quelques réflexions
 sur la manière de s'inspirer des modèles du moyen âge
 dans l'orfèvrerie, comme dans les autres branches de
 l'art, accomplissons, toujours en la rapportant à notre
 sujet, cette dernière partie de notre tâche.
     Le moyen âge ! Au moment où quelques hommes de
 génie ont prononcé ce nom et ont appelé sur lui les re-
  gards, il a semblé qu'une nouvelle ère naissait pour tous
  les arts plastiques ! Ce style méconnu sortait de son
  suaire           C'était une résurrection et une décou-
  verte. De tous côtés, une inondation d'œuvres, dans la
  peinture et l'architecture, célébraient le retour au style
  ogival. La poésie elle-même l'encourageait par ses chan-
  tres les plus écoulés. Mais qu'il y a près de l'enthousias-
  me à l'abus! Sous l'impression de ce mouvement qui
  remettait en honneur une architecture trop longtemps
  traitée de barbare par les génies les plus illustres du grand
   siècle, formés à l'école pure et classique de la Grèce, nos
   modernes improvisateurs de style moyen âge prodi-
   guaient, avec une exubérante générosité dans leurs com-
   positions, toutes les formes qu'ils croyaient appartenir à
   ce style : ogives, niches, clochetons, figures plus ou moins
   bizarres, et par ce luxe d'accessoires, le vrai style go-
   thique menaçait d'être de nouveau enseveli sous l'effort
   empressé de ceux-mêmes qui prétendaient le ressusciter.