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SYMPHORIEN CHAMPIER. 133 dominence des unes ou des autres naissent les dispo- sitions physiques ou morales, les tendances bonnes ou mauvaises, dans les manifestations internes ou exté- rieures. Cette théorie ne saurait supporter l'examen ou la critique ; elle n'est pas fondée sur la connaissance du corps humain, sur la véritable appréciation des phénomènes qui se produisent, elle semble même nier les rapports intimes. Sans doute, les attributions sont différentes, mais, elles ne sont pas contraires ; loin de là , si l'union est intime. Si par intervalle l'équilibre est rompu, le cœur, le cerveau ou le foie , semblent spécialement affectés, éprouvent, font éprouver des sensations plus actives, plus puissantes, ce n'est point un motii pour admettre une prédominance nécessaire- ment constante. L'activité anormale, passagère ou con- tinue d'un système, ne démontre pas sa prédominance forcée,inévitable, sur tous les autres; il y a, il doit y avoir synergie, corrélation absolue et non indépen- dance; ou antagonisme dans le jeu des éléments qui constituent l'organisme vivant. De ce que la réaction n'est pas la même, de ce que les effets varient, suivant que les impressions portent spécialement sur un point ou sur l'autre de l'économie, est-on autorisé a conclure qu'il y a lutte permanente ? Ces réserves nettement formulées sur le fond même de la question, il faut convenir que cette thèse para- doxale, pleine d'originalité, a été soutenue avec une distinction et un talent bien propres à fixer l'attention des gens du monde. Remarquable par ses développe- ments ingénieux, son érudition, ses exemples, elle est l'une lecture attachante, pour les littérateurs plu- tôt que pour les médecins : elle étonne, elle intéresse, si elle n'instruit pas toujours. Champier est compté parmi les premiers historiens de la syphilis ; durant les guerres d'Italie, il avait consulté plusieurs des témoins de l'invasion du mal, il avait pu