page suivante »
128 SYMPHORIEN CHAMPIER. travail et d'efforts dans des productions mortes pour jamais, parce qu'elles sont gonflées de digressions, de théories dont la discussion et le temps ont démontré l'insuffisance et la stérilité. Les nombreuses éditions qu'ont eu les ouvrages de ces auteurs ne sont pas une preuve absolue de leur mérite, mais seulement de leur- importance momen- tanée. Qui oserait, du reste, affirmer que dans trois siècles, les livres de science doctrinale, dont nous sommes si fiers, n'auront pas perdu leur intérêt, ne seront pas rangés dans la catégorie de ceux dont nous parlons?.... Cette correspondance n'avait pas un caractère privé, elle était destinée a tout égard, par la forme comme par le sujet même, à jouir d'une grande publicité. • Les Galénistes environnaient Champier de déférence et de respect. Les médecins de la même école, de la même opinion, si peu avares de propos acerbes pour leurs adversaires, se traitaient entr'eux avec une bien- veillance rare, se prodiguaient l'encens, abusaient des formules louangeuses. Ces lettres curieuses nous indi- quent que les sociétés d'admiration mutuelle ne sont pas d'origine récente; la camaraderie était, alors déjà , pratiquée sur une large échelle. Champier, ses amis, ses disciples, ses partisans abusaient du superlatif dans leur correspondance, aussitôt imprimée que reçue : toujours, on écrivait a Symphorien : Medico optimo ac maximo ; summo philosopho et intër medicos emi- nentissimo; et ailleurs: illuslrissinio'medicorum prin- cipi, dignissimo, clarissimo, ulriusque juris doctori nobilissimo. Champier qui acceptait sans rougir des épithètes qui auraient effrayé une modestie moins robuste que la sienne, savait h son tour,reconnaître ces bons procédés ; ainsi répondant à Manard, (celui qui avait commencé la lutte en Italie), il s'adressait a un médecin: In omni