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DU CHATEAU DE VAREÃ. b9
seigneur. C'est là que s'élevaient les fourches patibulaires
formées de quatre piliers, attributs du baron haut-justicier;
c'est là que les routiers et les malandrins redoublaient la
vitesse de leur marche, lorsque, passant derrière le manoir,
ils gagnaient la montagne pour se mettre sous l'abri de la
forêt.
L'angle nord était la partie principale du système de dé-
fense, l'endroit le plus exposé aux attaques, mais aussi le
mieux fortifié et l'objet d'une surveillance plus particulière ;
c'est là qu'était l'entrée du château, la porte Calaise, comme
disent ies vieux titres. Un pont-levis jeté sur les fossés pro-
fonds, deux solides portes battantes el une herse descendue
au moindre danger la protégeaient. Le voyageur ami, par-
venu au pied des remparts, passait sous une voûte en arc
d'ogive de cinq mettes d'épaisseur. Le guerrier qui serait
parvenu à franchir l'abîme aurait été arrêté par l'énorme
tour ronde qui flanquait le côté oriental, par les meurtrières
percées de tous côtés et par un assommoir dominant l'entrée.
Sur le côté occidental et en regard de la grosse tour, un
solide bâtiment à créneaux, à meurtrières et à sarbacanes ser-
vait dé logement au gardien de la porte et de corps-de-garde
aux hommes d'armes chargés du service journalier.
Un chemin de ronde ménagé dans l'épaisseur du mur
permettait à la garnison de se porter rapidement el à l'abri
des traits sur tous les points menacés par l'ennemi.
Les murs d'enceinte du côté de l'occident prenaient une
hauteur plus grande à mesure qu'ils s'éloignaient du terrer
plein et qu'ils descendaient vers le précipice. Comme du
côté oriental, une forte et puissante tour regardant la rivière
d'Ain et la plaine reliait la terrasse élevée à pic sur le ro-
cher et le rempart défendu au couchant par le fossé.
Une particularité intéressante était l'existence de cinq
maisons-fortes, aussi confortablement établies que le permet-