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68 HISTOIRE parts aujourd'hui sans défenseurs, j'arrivai sur un replat séparé de la citadelle parun fossé profond. La porte du manoir était ouverte ; des cultivateurs armés de l'aiguillon en sor- taient, conduisant l'antique char à deux roues inventé par les Gaulois, J'enlrai sans que la guaîte sonnât l'alarme, sans que le beffroi signalât la présence d'un étranger, et je me mis à fouiller la demeure féodale comme si j'y avais été autorisé par le maître de ces lieux. L'enceinte du château représente un polygone irrégulier, affectant la forme d'un triangle rectangle, dont la base, du côté du midi, est formée par un mur de terrasse élevé hardi- ment au-dessus de la vallée et jadis garni de meurlrières et de créneaux. Un peu en arrière de ce mur, s'élevait autre- fois une chapelle dédiée à saint Laurent et à la Vierge Ma- rie ; c'était un petit bâtiment isolé, aujourd'hui complète- ment détruit, mais qu'on sait avoir été un élégant spécimen de l'architecture poétique et religieuse du quatorzième siècle. A la suite et du côté de l'orient, on trouve les restes d'une poterne. En creusant dans le terreplein soutenu parla (er- rasse, on découvre les subslructions d'un vaste édifice affecté jadis au logement des domestiques, aux magasins, aux écu- ries et surtout au casernement de la garnison. L'angle oriental du mur d'enceinte était appuyé sur une forte tour dressée entre la partie de la terrasse à pic sur le précipice et le commencement du fossé qui se dirigeait au nord. A l'abri de ce fossé et du rempart était la place d'armes, aujourd'hui vaste et belle salle d'ombrage dont les vieux til- leuls mutilés par le temps auraient plus d'une révélation à faire sur les hommes et les choses du temps passé. Deux tours puissantes protégeaient la partie nord ; la pre- mière é( ail la Potence, exécutrice redoutable de la justice du