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28 SYMPHORIEN CHAMPIER.
temps où les abslracteurs de l'ultième quintessence
inspiraient une foi pleine et entière non-seulement au
peuple mais aux plus hautes classes de la société.
Pour les détromper, Symphorien publiales petits traités :
In magicarum arlium deslruclionem ; Magiœ partium
reprobatio et commemoratio ; De transmutalione me-
tallorum, contra alckimistas. Les circonstances aux-
quelles nous sommes redevables de ces écrits, sont
trop curieuses, pour ne pas être relatées.
Au commencement du seizième siècle, lors du
second voyage de Louis XII et d'Anne de Bretagne Ã
Lyon, on présenta a la cour de France un homme qui
se faisait appeler le nouveau Mercure ou le nouvel
Apollonius, l'homme universel : possédant la science
infuse et les secrets de la magie, il savait tous les pro-
cédés de l'art de la transmutation des métaux ; à ces
connaissances se joignait le don de prophétie. Les
épreuves, les expériences auxquelles il fut soumis,
suivant la chronique, dont je ne garantis pas la véracité,
confondirent les savants, les forcèrent d'admettre qu'il
y avait là quelque chose de prodigieux, dépassant les
forces d'une simple créature, et que la sagesse de cet
homme était d'un ordre supérieur. 11 fit présent au roi
d'armes surnaturelles qui avaient ou devaient avoir
des propriétés extraordinaires ; en échange Louis XII
le combla de magnifiques cadeaux. Le devin ne les
accepta que pour les distribuer aux pauvres sur le
champ. La ville et la cour furent convaincues par ce
dernier trait; il ne fut plus permis de douter de la
magie et des magiciens, de leurs artifices et de leur
puissance.
C'est le moment que Champier choisit pour s'élever
contre ces jongleries, et se vanter de .son incrédulité :
il fut mieux avisé et plus clairvoyant que les seigneurs
et les juges de la suite du roi, trop bons courtisans,