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502 DES APTITUDES. La longue suite de siècles, qui s'étend de l'une a l'autre de ces deux renommées, nous en offre, dans ce même ordre de la spéculation assistée ou libre, toute une série, qui, pour ne dépasser point toujours la sphère de la célébrité locale, n'en atteste pas moins le zèle persévérant du génie lyonnais pour les grands efforts de la pensée. Aux premiers âges chrétiens de la cité, cette tendance des esprits se manifeste plus spécialement sous la forme reli- gieuse ; elle produit ou du moins elle voit surgir dans son sein de grands hommes d'Eglise, comme plus tard de hardis novateurs. C'est le savant et éloquent Eucher ; Leydrade, cet illustre coopérateur de Charlemagne dans ses efforts de res- tauration des sciences et des lettres ; Agobard, ce défenseur de la sainte doctrine en même temps que des droits de l'hu- manité et de l'innocence ; et plus tard, Bernard Aigler, abbé du Mont-Cassin ; Jean de Rochetaillée, prédicateur austère ; Jean de la Grange, conseiller de Charles-le-Sage ; Jean Gerson, chancelier de l'Université de France, lesquels, presque tous dans les rangs les plus éminents de la milice sainte, ont servi la vérité et la science en honorant leur pays ; c'est enfin, car l'excès prouve également la tendance, c'est ce Pierre Valdo, dont l'âme enivrée de mysticité sociale n'eût point, non plus, remué et perverti les multitudes, si elles n'eussent été elles- mêmes naturellement prédisposées aux fascinations des théories métaphysiques. Ces fascinations, du reste,-ne de- vaient-elles pas se reproduire de nos jours dans l'ordre social pour de semblables rêveries, présentées à ce même peuple comme des nouveautés fécondes par un parti qui pourtant se dit avancé? Mais h mesure que s'accomplit le développement de la cité dans l'ordre industriel et politique, la science spéculative se sécularise et, changeant d'objet, passe de l'étude de l'âme U celle des organes à l'aide desquels elle réalise sa destinée