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492                           DES APTITUDES.

est paradoxale : que la civilisation athénienne, toute enivrée
qu'elle fût de l'idéal le plus éthéré, n'en était pas moins
engagée dans les voies d'une activité industrielle et mer-
cantile, aussi généralisée que le permettaient le génie et
l'organisation de la société antique.
    Je ne dirai pas avec quelle richesse de palette et quelle
habileté de pinceau fut exécutée cette brillante peinture.
N'est-elle pas restée dans le souvenir de tous ceux qui eu-
rent le plaisir de la voir se dérouler, sous la forme d'une
sorte de poésie dédaigneuse de la rime, sérieuse à la fois
et légère, et se jouant, avec la liberté élégante de la prose,
dans l'expression des réalités les plus vulgaires de l'œuvre
manuelle comme des interprétations les plus subtiles de
l'œuvre idéale? (1)
    Je vais, suivant de loin cette trace lumineuse, tendre a
la même conclusion par un mode inverse. Mais, loin de m'a-
venturer imprudemment dans des temps et des régions pour-
l'appréciation desquels serait requise une érudition qui me
fait défaut, je m'arrêterai au simple sommaire d'une étude
semblable a notre point de vue local. Si donc, dans le tra-
vail que je rappelle, il fut démontré qu'Athènes était indus-
trielle quoique esthétique, j'essaierai de dire, au contraire,
que notre cité à nous, sans entendre faire pour cela au-
 cune assimilation présomptueuse, fut philosophique et es-
thétique parce qu'elle était industrielle. Non point toutefois
 que celui qui a si bien signalé les rapports apparents de
 la poésie et de l'industrie n'ait pas eu le sentiment de la
 liaison logique de ces deux choses ; mais il était sans doute
 dans la nature de son esprit de la faire ressortir de l'ex-
position pittoresque des faits, comme il est dans les habi-


   (1) M. J. Tisseur : Des affinités de la poésie et de l'industrie dans l'anti-
quité grecque. Disc, de réception, 15 fév. 1859.