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DES APTITUDES. 489 Cette manière de penser et de dire est assurément d'un noble coeur ; et n'est-ce pas le moment de rappeler qu'elle n'est que la paraphrase heureuse de cette parole prononcée jadis en pleine diète parvun palatin de Posnanie, père d'un des derniers rois de Pologne : « Malopericulosam libertatem « quà m quietum servîlium : à une paisible servitude, je pré- c fère une liberté périlleuse :» — fière et forte parole, dont e le dernier cri de guerre de cette nation héroïque est comme le lugubre mais glorieux écho ! Mais si notre auteur, comme toutes les âmes généreuses, se subordonnait sans hésiter aux rigueurs logiques de sa théorie, s'il tendait d'une si vive aspiration à une perfection de justice sociale, assurément très-désirable, n'avait-il pas aussi la prédisposition ordinaire de ces honnêtes natures à se méprendre sur l'avenir comme sur le passé, c'est-à -dire à s'exposer alternativement au naufrage sur le double écueil du préjugé et de l'utopie ? Sans doute on en pourrait fournir la preuve ; mais il m'est plus doux, en achevant ce crayon biographique, de signaler ce qui nous rapproche que ce qui nous sépare, et surtout de m'incliner devant la pieuse mort qui a couronné cette vie sincère. M. Morin aimait le travail en homme qui en avait fait théo- riquement, a son début dans la carrière de publiciste, la base principale de la constitution même de la société. Ses œuvres qu'avait presque toutes inspiré le patriotisme local le plus dévoué, devaient lui ouvrir les portes de cette.enceinte; et, lorsqu'il y fut entré, leur auteur sut encore prouver qu'il était digne de cet honneur par un redoublement d'activité intellec- tuelle que rien ne trouvait en défaut. Son rapport sur le con- cours Du Salaire des femme$ est signalé comme un des plus importants dus a sa plume infatigable. Il traita cette question avec le zèle d'un esprit depuis longtemps courbé sur ces pro- blèmes, et d'un cœur pieusement appliqué à réduire les mi-