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                              poisiE.                        483
      Sur ses genoux je faisais ma prière,
      Et j'apprenais de Dieu les saintes lois ;
      Puis chaque soir, pour fermer ma paupière,
      Elle disait les vieux chants d'autrefois.
      Un peu plus tard, sur mon lit de souffrance,
      C'est elle aussi qui veillait et pleurait;
      C'est elle aussi qui, dans mon tour de France,
      Pour m'égayer chaque jour m'écrivait ;
    • C'est elle encor, la bonne et digne veuve,
      Qui sut braver la misère pour moi ;
      C'est elle enfin qui dans les jours d'épreuve ,
      Par son exemple a retrempé ma foi.
       Ainsi pensais-je en regardant la Bresse !
       Ainsi disais-je, en m'essuyant les yeux ! '
       Puis, je partis, me faisant la promesse
       De remonter souvent sur ces hauts lieux.
Et maintenant encor, dans mon humble mansarde,
Je conserve en mon cœur le tableau du Mont-d'Ain ;
J'aperçois mon pays et vraiment il me tarde
De m'y rendre au plus tôt pour mourir dans son sein.
Et maintenant encore à ton doux nom, j'espère,
Gothique Notre-Dame au front majestueux,
Où, tout petit enfant, sous les yeux de ma mère,
Joignant mes faibles mains, j'aimais à prier Dieu.
Et maintenant encore, aux lieux de ma naissance,
A Bourg, à mon pays qui m'a fait élever,
A ceux qui m'ont tiré du sein de l'ignorance,
Je ne songe jamais, non jamais sans pleurer !
Et maintenant surtout, ô Bressans, je vous aime !
Mes vers, mon cœur, mon sang, tout mon être est à vous !
Le boursier communal vous offre son poème !
L'enfant de Bourg-en-Bresse est pour vous à genoux !
     Nantua, sur Je Mont-d'Ain, le 6 août 1863.


                                   Marc-Amédée    GROMIER.