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30G MONT SAINT-BERNARD. lien. C'est dans cette pieuse enceinte que le pèlerin qui a échappé aux dangers de la montagne doit aimer a venir remercier le dieu qui lui a tendu une main secourable. C'est la que les religieux viennent se délasser, par la prière, des fatigues de leur rude ministère et, quand tout dort encore dans l'hospice, font retentir les louanges de celui qui com- mande aux vents et à la tempête. Fervent quandà die cuncla tumultibus Altum tttrba silet ; Cœlera dùm lacent, Hipcr cantica rumpunt Nociis lonrja silentia. (S. V.). Sous les voûtes de ce temple si élevé au-dessus du monde et pour ainsi dire perdu dans l'es nuages, il semble qu'on soit plus rapproché de Dieu et l'on y éprouve un sentiment tout nouveau de sa grandeur et de sa bonté. L'un des héros de nos grandes guerres, Desaix, tué à Marengo, repose ici sous un mausolée, un peu massif, mais simple et grand. Pour- quoi l'artiste, qui a déployé dans cette œuvre un talent digne de l'illustre mort, a-t-il négligé tout symbole chrétien? J'aurais aimé à voir ce brillant guerrier dormir a l'ombre de la croix. Le sol du Saint-Bernard ne produit absolument rien. Pen- dant neuf mois de l'année, une lourde couche de neige et - de glace l'enveloppe, et, quand cette masse compacte s'est en partie fondue en torrents, il ne présente guère qu'un roc nu et décharné. D'ailleurs, il y gèle souvent au milieu de la sai- son la plus chaude. Il n'est donc pas étonnant que toute végé- tation y expire. Aussi rien ne n\e l'a-t-il rappelée que deux ou trois bouquets d'une herbe chétive sur laquelle les beaux chiens de l'hospice venaient se coucher. Dans un lieu si pauvre, si déshérité de la nature et où il y a tant de besoins a satisfaire, il faut tout apporter de loin : pain, vin, fourrage,