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376 MARMONTEL A LYON. Marmontel entre dans de longs détails sur le séjour qu'il fit aux Délices [i), et les termine ainsi : « Nos adieux mutuels furent at- tendris jusqu'aux larmes, mais beaucoup plus de mon côté que de celui de Voltaire ; cela devait être, car, indépendamment de ma reconnaissance et de tous les motifs que j'avais de l'aimer, je le laissais dans l'exil. » Quel jour arrivèrent les deux amis dans la cité do Plancus ? Je ne saurais le dire, et je laisse parler Marmontel : « A Lyon, dit-il, nous donnâmes un jour à la famille de Fle9- rieu, qui m'attendait à la Tourelle (2), sa maison de campagne. Mes deux jours suivants furent employés à voir la ville ; et depuis la filature de l'or avec la soie, jusqu'à la perfection des plus riches tissus, nous suivîmes rapidement toutes les opérations de l'art qui faisait la richesse de cette ville florissante. Les ateliers, l'Hôtel- de-Ville, le bel hôpital de la Charité, la bibliothèque des Jésuites, le couvent des Chartreux, la salle de spectacle, partagèrent notre admiration. « Ici, je me rappelle qu'à mon passage pour aller à Genève, la demoiselle Destouches, directrice du spectacle (3), m'avait fait demander laquelle de mes tragédies je voulais qu'on donnât à mon retour. Je fus sensible à cette honnêteté, mais je me bornai à lui en rendre grâces, et je lui demandai, pour mon retour, celle des tragédies de Voltaire que ses acteurs jouaient le mieux. Ils don- nèrent Alzire. » Voilà tout ce que dit Marmontel de son passage à Lyon ; c'est bien peu, mais ce peu était à extraire du 7e livre de ses Mémoires. (1) Le 23 juin, Voltaire écrivait à Thiriot : « J'ai vu Marmontel ; il est gros et gras aussi, et de plus m'a paru fort aimable... » — Il est donc à présumer que l'auteur des Contes moraux était à Lyon vers la fin du mois de juin. (2) Cette jolie maison, située à Eveux, près l'Arbresle, appartient au- jourd'hui à M. Hippolyte de Saint-Trivicr. (3) Voyez sur cette actrice la Biogr. Lyonn,, p. 91, et ajoutez aux sour- ces qui y sont indiquées, les Lettres inédites de Voltaire, publiées en 1856, tom. 1, p. 248, et le feuilleton delà Gaz, de Lyon, du H décembre 1850.