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u> SOUVENIR. 373 Durant ces couplets, très-bien chantés par les deux dames genevoises, la reine Hortense ainsi que ses deux compagnes parurent visiblement attendries, leurs yeux s'humectèrent, et l'émotion d'Hortense se traduisit par des paroles pleines d'âme et de sentiment qu'elle adressa à ses convives. Le reste de cette journée fut consacré à l'exploration des environs de l'ermitage et la reine s'en fut ravie de la cordiale réception qui lui avait été faite dans un séjour que lui rendaient cher les souvenirs du père de son pos- sesseur actuel. Ah ! si l'on avait dit alors à cette reine détrônée que ce fils retenu au logis serait dans treize ans président d'une république en France, et trois ans plus tard em- pereur ! A l'âge où elle était parvenue et avec la désillu- sion qu'il entraîne , peut-être eùt-elle gémi à la seule pensée que son fils se verrait en butte aux fluctuations de cette politique européenne qui venaient de renverser la dynastie des Bonaparte avec ce Napoléon 1 er qui en était l'âme et l'appui. Mais non, elle s'en fut sans craintes à cet égard et quelques jours après je vis ce fils destiné à régir le peuple le plus éclairé du monde, s'élancer à cheval devant son domicile du Calabri et faire exécuter à sa monture des tours de voltige et de haute école avec une grande har- diesse et je me dis alors : S'il est quelque jour sur un trône aussi solidement assis que sur sa selle, il n'y a pas de péril et de crainte à l'en voir jamais tomber. Quelques jours après cette réunion, je vis arriver chez moi M. le docteur Connaud, porteur d'une lettre de la reine Hortense, dans laquelle elle m'annonçait de la ma- nière la plus aimable qu'elle avait lu et apprécié mes œuvres,puisqu'elle s'abonnait au petitjournal le Fantasque,