Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                  J.A JiOBI.ESSE K!N FIUNCE.            337

sert' attaché à la glèbe n'était pas précisément un es-
clave; son maître et seigneur n'aurait pu le vendre,
ni le faire mourir à son gré. Tout le monde était libre
ou à peu près, ingéniais, et il n'y avait que deux gran-
des catégories, la noblesse et la roture. Or, il y avait
entre ces deux classes un abîme aussi profond qu'autre-
fois entre les hommes libres et les esclaves. Devant le
noble du quatorzième siècle, le riche bourgeois et le
dernier des goujats n'étaient qu'une seule et même chose;
il n'y avait pas d'intermédiaire entre eux. Dans l'anti-
quité, au contraire, cet intermédiaire existait : c'était
l'homme libre, Vingcnuus placé entre le patricien et l'es-
clave, et formant ainsi entre eux une sorte de force pon-
dératrice.
   Autre nuance encore. Le négoce, qui, à l'ère de la féo-
dalité, fut déclaré une profession vile et dans laquelle le
noble dérogeait (sauf le commerce maritime), n'avait
point ce caractère de réprobation chez les anciens. C'était
une profession parfaitement honorée, et à laquelle l'aris-
tocratie se vouait sans scrupule. En Grèce surtout, la
même main qui tenait l'épée pesait facilement et sans
honte une cargaison de blé ou de laine sur le môle du
Pirée.
   Mais il y eut entre l'aristocratie antique et la noblesse
féodale, une ressemblance qui n'a jamais pu disparaître
et qui subsiste encore; elle consiste dans le discrédit, la
vileté qui s'attachent aux professions manuelles. Le la-
boureur, il est vrai, est honoré, mais l'artisan est mé-
prisé. La charrue se manie sans déroger, mais le ciseau,
la truelle, le marteau et le rabot sont des inslrumenls
vils et avilissants. Quiconque vit par eux' doit se rési-
                                                  22