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CONCERT DE M. JOSEPH LUIGINI. C'est le 13 février qu'a eu lieu, au Grand-Théâtre, le premier concert donné par M. J. Luigini, notre nouveau chef d'orchestre. Cette séance musicale avait pris les proportions d'un événe- ment. On se souvenait avec quel art son prédécesseur, M. George Hainl, que Paris nous a enlevé, savait composer son programme; on se rappelait quels attraits il savait accumuler dans ses concerts, et le plaisir qu'on avait eu chaque année, pendant vingt-deux ans, faisait redouter pour le nouveau bénéficiaire.le fardeau de la suc- cession. Mais, dès que le public a vu flamboyer sur les murs de la ville l'attrayant programme qu'a su composer M. Luigini, il a été à la fois rassuré et charmé. En effet les noms de Mendelssohn, de Mo- zart, de Cimaroza, de Rossini, de Meyerbeer, se pressaient sur l'af- fiche. Leurs œuvres devaient être interprétées par les plus aimés de nos artistes et les plus habiles amateurs de notre ville. De plus on devait entendre un pianiste de Paris, M. V. Adler et les fa- meuses violonistes prodiges, Mllcs Juliette et Julia Delépierre ! Avant même l'engagement, on pouvait dire que M. J. Luigini avait gagné la bataille. L'exécution a tenu tout ce que l'affiche promettait. Les solistes, chose rare, avaient fait un choix intéressant et vraiment musical. L'Union chorale et le Cercle choral lyonnais secondés par les chœurs du Théâtre, ont rendu d'une manière grandiose le Chant des Bardes de Lesueur, ouvrage peu connu et qui restera pour- tant comme un des types recommandables de la musique fran- çaise. C'est avec un grand intérêt que l'on a écouté des fragments d'une messe de la composition de M. J. Luigini et l'on a constaté une fois de plus, ce que ses ballets avaient déjà prouvé, c'est que ce compositeur réussirait admirablement dans la grande musique dramatique. Le grand succès de la soirée a été pour M. Dulaurens, qui a chanté l'air du Barbier avec une souplesse de voix que possèdent