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ÉLOGE DE RAYEZ. 241 liait accès auprès de ceux même que la politique avait sé- pares de lui. Il profita de cette situation pour tenter d'apai- ser les esprits, et de rapprocher le Centre-droit du Centre- gauche pour reconstituer la force du Gouvernement. L'accord intelligent de tous les partis constitutionnels, cimenté par des concessions mutuelles, aurait pu éviter h la Restauration sa chute de 1830, et plus tard, il eût épargné au pays d'autres révolutions. Mais notre propre expérience ne nous profite guère plus que celle de nos pères ; et surtout dans nos temps où le présent s'efface si vite, il n'est pas rare que la même géné- ration dédaigne les avertissements qu'elle a payés le plus cher et retombe plus d'une fois dans les illusions qui l'ont séduite et dans les pièges qu'elle s'était promis d'éviter. La Royauté entrait, en 1827, dans une de ces crises qui appellent si vite les heures de périls. Le Ministère crut la conjurer par la dissolution- de la Chambre élective. Ravez chercha a le détourner de cette mesure: il savait apprécier l'état de l'opinion publique et jugeait qu'il était plus opportun de prendre le temps de la ramener, que de la consulter dans un pareil moment. Ses avis ne purent prévaloir : mais les élections justifiè- rent ses prévisions, la majorité fut changée. Le ministère Villèle dut se retirer. Charles X forma une nouvelle administration qui prit le nom du célèbre ministre appelé au portefeuille de l'Intérieur. Chacun a nommé Martignac, qui tiendra toujours une si noble place dans l'histoire de ces temps difficiles de la monarchie, dont il tenta de soutenir la force chancelante et dont il dé- fendit plus tard les derniers ministres avec une si généreuse éloquence. 16