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ÉLOGE DE RAYEZ. 239 du passé, voulut fermer la porte a toutes les confisca- tions de l'avenir ; une régularité tutélaire fonda dans les finances de l'État la toute puissance du crédit, et le loyal ascendant de notre diplomatie prépara l'affranchissement de la Grèce, que devait suivre plus tard la conquête d'Alger. Ce sont là d'honorables souvenirs, qui ont laissé des racines dans les mœurs politiques du pays. Toutes les constitutions qui se sont succédé depuis lors ont adopté le renouvellement intégral ; toute atteinte au droit sacré de propriété est condamnée sans retour par le sentiment public, et l'inviolabilité comme le droit de remboursement de la dette consolidée, est passée à l'état d'axiome finan- cier. Au dehors , la Grèce, malgré ses convulsions inté- rieures, est encore restée le point de départ de l'éman- cipation chrétienne de l'Orient, et l'Algérie est devenue la première de nos colonies et la pépinière de notre armée. Toutefois, il faut le reconnaître, la politique du temps ne mérita pas toujours les mêmes éloges. Tous les succès ont leurs jours d'enivrement et de discorde. On écouta moins les esprits modérés, davantage les esprits exclusifs. On sembla vouloir rétrograder vers le passé : on alla jusqu'à tenter de faire revivre le droit d'aînesse, qui est à la fois •un démenti à l'égalité des frères et un péril pour la puis- sance paternelle. La loi du double vote portait d'ailleurs en elle un germe profond de mécontentement, parce qu'elle créait des catégories et des privilèges au sein des collèges électoraux appelés à représenter la France. Le pays se crut menacé à la fois dans l'égalité civile et dans l'égalité politique ; il n'en fallait pas tant pour ranimer entre la Couronne et la société nouvelle ces défiances mu- tuelles que d'anciennes luttes avaient semées, qu'une longue