Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
232                   ÉLOGE DE RAVEZ.

sous le règne des institutions d'alors, le président n'était
nommé ni directement par la Chambre, comme sous la Mo-
narchie représentative de 1830, ni exclusivement par le
souverain, comme il l'est sous l'Empire.
   La Charte de 1814 avait appliqué à cette élection l'esprit
de transaction qui l'avait dictée toute entière.
   La Chambre présentait cinq candidats, parmi lesquels le
roi choisissait. Le président choisi trouvait ainsi dans sa
double origine une double mission et une double autorité.
   On avait voulu qu'il tînt quelque chose de chaque pouvoir,
afin d'être plus aisément le modérateur de tous deux. Mais
la hauteur même de cette situation en rendait l'accès et la
durée plus difficiles, car elle exigeait la persévérance d'une
double investiture.
    Cette persévérance ne faillit pas à Ravez.
    La Chambre lui donna neuf fois ses suffrages, et pour dé-
truire une telle possession qui ressembla presque à une
prescription parlementaire, il ne fallut rien moins que la
crise électorale de 1827, où Ravez succomba avec le minis-
tère Villèle devant le mouvement politique du temps.
    Quant à la royauté, elle n'avait pu choisir un ami plus
sincère, un médiateur plus habile : aussi ne sembla-t-il pas
moins inamovible que le trône même , car la mort de
Louis XVIII n'ébranla pas Ravez sur son siège, et il fut pré-
 sident sous deux rois.
    L'auteur de la Charte avait apprécié sa haute expérience,
 son courageux sangfroid, sa ferme autorité. Ce prince consi-
 dérait le talent de Ravez, comme le plus complet et le plus
 difficile à remplacer, et disait souvent de lui, rappelant un
 vers italien : « Dieu le fit et brisa le moule. »
    La noblesse de ses manières et la loyauté de son dévoue-
 ment avaient vivement touché Charles X. Dès les premiers
 jours de son avènement au trône, ce prince, empressé de se