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126 SYMPHORIEN CHAMPIER. créées, n'étaient pas en mesure de se prononcer: elles ne disposaient d'aucun organe. Si la presse périodique ne fonctionnai! pas encore, l'imprimerie permettait déjà , dans certaines limites, la transmission rapide de la pensée de l'un à l'esprit de tous. C'est par un com- merce épistolaire incessant que les attaques et les dé- fenses avaient lieu. Les pamphlets, les récriminations, les diatribes ne se faisaient pas attendre. A côté de l'ob- jet principal, il était difficile que les questions de per- sonnes ne fussent pas mêlées. Les antagonistes d'alors, pas plus que les polémistes de notre temps, ne s'épar- gnaient ni les injures, ni les provocations, ni les me- naces. C'est un spectacle rétrospectif très-piquant que celui auquel cette correspondance nous permet d'assis- ter. Les passions et les luttes religieuses très-exaltées se réfléchissaient sur les querelles scientifiques ;fcles épithètes JEgyrtœ, Nebulones, Calumniatores, Menda- ces, Barbari etc., étaient lancées sans précautions oratoires. Par ses lettres, Champier nous fait connaître tous ceux que je suis en droit d'appeler les journalistes de l'époque. Laurent Frisius, médecin de Strasbourg, un des plus remarquables et des plus zélés partisans d'Avicenne, fait appel aux médecins allemands dans la Defensio Avi- cennœ medicorum principis; Champier réplique prompte- ment par l'Epistola responsiva in Laurentium Frisium : elle est envoyée à Louis Burgensis, seigneur de Meulan, archiatre de François Ier, et plus tard de Henri II, par la générosité de Fernel, cédant à son doyen la place qui lui était offerte. Frisius n'est pas seul engagé, il trouve de nombreux auxiliaires qui le soutiennent de leur plume : leurs agres- sions font éclore l'Epistola responsiva Campegii pro Grœcorum defensione in Arabum errata. Il y a dans ces divers écrits de controverse médicale, une ardeur, une verve, une érudition unies à une in-