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106 AUTEL D'AUGUSTE. Sébastien, à l'ancien jardin des Plantes, au lieu même où gisent sous terre les fondements d'un amphithéâtre reconnu pour avoir été celui de la confrérie religieuse des trois Gaules, la aussi était l'autel de Rome et des Augustes ; et tellement me paraît claire et concluante pour la question, la découverte de cet amphithéâtre , toutes probabilités contraires, si spé- cieuses soient-elles, doivent, a mon jugement, céder devant la véhémente affirmation d'un fait aussi fort et aussi positif. Ce n'était guère non plus dans l'usage des Romains d'as- seoir leurs monuments dans un bas-fonds quand ils avaient un coteau à leur disposition. Par sa nature même, par sa forme, par l'esprit qui avait dicté son érection, notre autel n'était vraiment dans sa raison d'être et n'avait toute sa va- leur qu'en un site élevé et apparent. A quoi bon eût-on fait venir du fond de l'Egypte ces colonnes d'une sublimité pro- digieuse, si, enfoncées dans un marécage, elles eussent pu être offusquées par les arbres des saulées avoisinantes, si la proximité d'un coteau les eût rapetissées et comme écrasées sous sa supériorité ? Pourquoi avoir mis au som- met de ces hauts piédestaux ces Victoires colossales, pour- quoi dans leurs mains ces palmes d'or et ces couronnes, pourquoi ces ailes brillantes éployées, si ce n'est pour qu'elles semblassent descendre du haut des nues et comme encore suspendues dans l'espace ? Efforts d'art bien inutiles si, par une insultante dérision a la vanité romaine, nos fleuves débordés eussent pu venir battre leurs bases de leurs eaux bruyantes et limoneuses et éclabousser les lettres d'or de l'épigraphe inscrite au-dessous du dé de l'autel. A un monu: ment d'ostentation, de flatterie, si l'on veut, il fallait la clarté, l'azur et la large étendue des cieux ; il fallait l'exposition haute et voyant» où pussent converger tous les regards ; il fallait non une lagune basse et submersible, mais la décli- vité d'un coteau ; et la colline Saint-Sébastien, dont la pente