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14 SYMPH0R1EN CHAMPIER. se passait alors, pour se créer une opinion exacte, sur la transformation, sur les changements sociaux qui eurent lieu à cette époque. Sans doute , ils ne furent pas l'ouvrage de Champier seul, mais il peut en revendiquer une large part, il y concourut puissam- ment par sa volonté,,.son impulsion et son exemple. Tandis que le reste de la France (exceptons Paris, Bourges et quelques rares villes, sièges d'universités) était plongé dans l'ignorance, Lyon avait trouvé dans l'initiative de ses administrateurs et de ses chefs, dans ses relations incessantes avec l'Italie régénérée, une activité intellectuelle sans égale. Les fils de famille étaient envoyés dans les Facultés italiennes d'où ils rapportaient en leur patrie le savoir, l'amour des let- tres : les autres jeunes gens étaient élevés dans leurs foyers par des professeurs étrangers ou nationaux qui, sûrs d'une protection efficace, enseignaient la littéra- ture, les langues hébraïques, grecques et latines; on correspondait en ces deux dernières langues. Le Jésuite Edmond Auger nous apprend que des catéchismes étaient alors écrits, imprimés et appris en grec. Le gouverneur Trivulce de Pomponne, dont Cham- pier était le médecin, l'instigateur et l'ami, favorisait, entretenait le mouvement littéraire. Cet illustre général accordait a l'imprimerie une protection toute spéciale ; il avait attiré, il encourageait les imprimeurs célèbres qui, durant le cours du seizième siècle, ont donné dans notre ville tant d'éclat à cet art par le nombre et la perfection de leurs travaux ; un régime de liberté pleine et entière leur avait été concédé. Le savant médecin et philosophe Michel Servet, le littérateur Etienne Dolet, ayant trouvé asile dans nos murs, se glorifiaient de la modeste position de correcteurs, de protes dans les imprimeries lyonnaises. Ce fait nous est transmis par le Père Colonia, qui, fidèle aux principes de 6on