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               DISCOURS DE M. DB LA SAUSSAYE.               S17

c'est tracer dans la société un sillon qui ne coûte rien à
l'honneur ; c'est parcourir une carrière où le bonheur n'oblige
pas à rougir ; c'est se créer, c'est créer aux siens une posi-
tion où la vertu brille autant que la fortune.
   A Dieu ne plaise, Messieurs, que de ces chaires, élevées
pour développer l'instinct moral des intelligences, il tombe
jamais un mot qui allume dans les âmes honnêtes confiées à
notre sollicitude, cette soif de l'or que le sacrifice même de
la conscience ne peut éteindre ; un mot qui pousse les jeunes
générations vers les sources impures de la richesse, où
viennent, hélas ! s'abreuver et si vite se corrompre tant d'es-
prits cultivés pour de meilleures destinées !
   Loin de déposer, imprudents, dans le cœur de la jeunesse,
le germe de sentiments que, pour son bonheur, elle ne doit
jamais connaître, tous nos efforts ne tendent qu'à la pré-
munir contre le péril des aspirations dépravées. Ce que nous
leur recommandons ; c'est la religion, c'est la vertu, c'est
l'honneur, c'est l'amour sacré du travail et du devoir.
   Ce sont là, Messieurs, nos discours. Et dans quel lieu les
repétè-je ? Dans cette salle, consacrée aux purs exercices
de l'intelligence ; dans une enceinte, où les échos ne redisent
jamais que les graves préceptes du savoir. Je me félicite de
la circonstance qui amène aujourd'hui, chez la Faculté des
Sciences, ses deux sœurs, de la Théologie et des Lettres, et
leur digne émule, l'École de médecine, respectable faisceau
de supériorités et de traditions scientifiques. Puisse-t-il,
Messieurs, pour la prospérité de cette Académie, pour la
gloire et le bonheur de cette ville, s'accroître et se fortifier
encore dans l'avenir! Ce n'est pas trop de nos efforts réunis,
pour répandre, avec les lumières de la science, les saines
notions du beau, du juste et de l'honnête ; ce n'est pas trop,
pour s'opposer au torrent des doctrines perverses et des
littératures démoralisantes, au danger des ignorances ambi-