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       ALEXANDRE DUFIEUX.

    Un homme vient de s'éteindre à Lyon, honoré de tous
pour son caractère, et dont le talent laisse, à plusieurs, une
vive admiration; l'estime qu'il a méritée aurait pu devenir
une gloire, si dans l'âme forte et résignée de ce ferme chré-
tien, la vocation littéraire n'avait été entravée et presque
étouffée par des circonstances difficiles, et par l'impérieux
sentiment du devoir.
    Alexandre Dufieux n'a pas fait un seul livre ; quelques
pages signées de son nom restent dispersées dans les diverses
publications lyonnaises; et cependant nous ne craignons pas
d'être démentis en disant de lui, qu'entre tous ceux qui ont
tenu la plume à Lyon, depuis vingt-cinq ans, il mérite une des
places les plus distinguées. Doué d'une grande énergie inté-
rieure, habitué par une foi vive à subordonner aux œuvres
de la vie morale et pratique les aspirations et les plaisirs de
l'intelligence, il employait à contenir une remarquable voca-
tion d'écrivain, cette force de volonté que d'autres dépensent à
surexciter un talent factice. Un esprit aussi élevé que le sien
dut connaître aussi ce juste orgueil qui nous interdit de nous
hasarder dans une œuvre où nous ne pouvons mettre qu'une
part de notre temps et de nous-mêmes. Voué au commerce par
devoir de famille, ce n'est pas le besoin d'écrire, mais celui
de défendre ses croyances religieuses et politiques, c'est-à-
dire un autre devoir qui le porta à se mêler, souvent avec
beaucoup d'activité , au mouvement de la presse lyonnaise.