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                      ÉTUDE SUR LA CRÉMATION.                            73
de l'abaissement de la chair. La nature mortelle et pécheresse
doit subir sa loi de honte et de terreur, comme une des navrantes
conséquences du péché originel, et il ne sied pas au chrétien
de l'éluder par une transaction ou un stratagème. Il ne faut
pas tromper l'arrêt inclus dans cet austère et fatal verset : « mé-
mento homo quia pulvis es, et in pulverem reverteris » : il est
nécessaire d'accomplir jusqu'au bout la destinée humaine d'ici-
bas.
   Il est vrai, dit-on, que l'Eglise n'a pas proscrit et réprouvé
la crémation d'une manière explicite. Il y a mieux, elle ne s'en
est pas occupée. Mais de son silence on ne saurait induire une
approbation tacite. A l'époque où la primitive Eglise grandissait,
et se transplantait en racines vivaces des contrées de l'Orient
sur le sol Occidental, le procédé de la crémation commençait
à tomber en désuétude. Le contact incessant avec les autres
peuples, et l'influence latente des mœurs barbares qui com-
mençait à imprégner la civilisation romaine, avait fini par
introduire d'autres sépultures, et déjà, l'incinération n'était
plus usitée que parmi les très-hauts personnages. De l'esclave
et de la menue plèbe, à qui précédemment l'inhumation était
réservée, elle avait gagné du terrain chez le riche, l'affranchi,
et môme le petit patricien.
   Au reste, il n'est pas douteux que la primitive église n'ait
usé de l'inhumation bien préférablement à la crémation, et les
catacombes de Rome en sont les solennels témoins. On trouve
surtout dans ces labyrinthes sacrés, les ossements et la pous-
sière de corps qui ont été consommés par l'inhumation, et non
par l'incinération. Gardez-vous, à vrai dire, de tirer de l'état
des catacombes, une conclusion trop absolue, car les funérailles
des martyrs et des premiers chrétiens étant secrètes et cachées
comme leurs fêtes et leurs pratiques, ne pouvaient, grâce à la
persécution, s'accomplir au grand jour, et parconséquent le
bûcher était impossible (1).

  (1) Les savants travaux de notre compatriote, M. Perret, ne laissent pas
de doute sur l'existence d'urnes cinéraires dans les catacombes. Il faut en
conclure que l'incinération n'était pas rejetee par la primitive Eglise.