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298                    LE l'ÈKE DE LA CHAIZE.
 « version générale du royaume. » De son côté, l'abbé de Choisy,
 témoin oculaire et fort bien informé, raconte dans ses Mémoires
 « que Louvois, jaloux de son crédit, était inquiet des entre-
tiens que l'archevêque de Paris , le P. de la Chaize et Pélisson
avaient avec Louis XIV. Ces trois hommes , dit-il, que le mo-
narque consultait, tendaient à affaiblir ou à détruire le protestan-
tisme en France , mais leur système repoussait les moyens vio-
lents et personnels. » « Louvois, continue Choisy , voulut couper
 court à ces entretiens qui lui devenaient suspects et, sans tant de
façons , il pressa fortement la révocation de l'édit de Nantes. »
   Ce fut donc le marquis de Louvois, à n'en pas douter, qui dé-
termina Louis XIV à faire appuyer les missions par des prome-
nades de troupes. Toutefois, le roi ne céda aux instances de son
ministre que lorsqu'il lui eût promis « d'être modéré , certain
d'usurper ensuite tout le mérite du succès par l'emploi secret des
moyens lesplus violents (1).» «Le roi, dit Mme de Caylus dans ses
Mémoires , se rendit contre ses propres lumières et contre son
inclination naturelle qui le portait toujours à la douceur. On passa
ses ordres et onfità son insu des cruautés qu'il aurait punies si elles
étaient venues à sa connaissance. Car M. de Louvois se contentait
de lui dire, chaque jour, tant de gens se sont convertis à la seule
vue des troupes. »
   Les documents les plus authentiques et les plus irrécusables
nous prouvent, en effet, que Louis XIV ne cessa de donner les
ordres les plus précis , et parfois les plus sévères , pour que le
passage des troupes dans les provinces ne fût signalé par aucune
violence. Le ministre de la guerre, forcé d'obéir en apparence
aux prescriptions du Roi, écrivait officiellement aux inten-
dants (2) de ménager le plus possible les protestants , et, pour
arriver plus tôt à son but, celui de la conversion générale, non
seulement il fermait les yeux sur toutes les infractions et sur
toutes les violences commises soit par les dragons, soit par les
intendants , mais il allait même , s'il faut en croire des temoi-

  (t) Rulhièrc. Ecclaircissements sur tu Révocation , etc., t. i, p. 360.
  (2) Ecctuircissemenls sur la Révocation, par Rulhièrc, pnssim.