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             UN MUSÉE PARTICULIER.
                                L'immortalité de l'âme est éternelle, —mais l'art
                                    n'estqueréyélateur. Sileschefs-d'osuvre péris-
                                    saient, l'art marcherait sur un anime. Heureux
                                    ceux qui en combattant les iconoclastes, sauront
                                    rendre à la lumière tous les chefs d'œuvre en-
                                    fonis dans les catacombes du monde !

   La curieuse et artistique exposition de Manchester a éveillé,
en France, les idées des archéologues et des touristes, tant soit peu
endormis depuis l'exposition universelle de 1835. — Déjà plu-
sieurs voeux se sont formés dans nos grands journaux politiques
pour qu'une exposition vienne réunir tous les objets d'art antiques
et modernes, tous les chefs-d'Å“uvre contemporains, toutes les
belles pages écrites, ou avec le ciseau ou avec le pinceau des
artistes français.
   De cette exposition jaillirait une lumière féconde. Combien
de discussions artistiques, combien d'ambitions naissantes, d'é-
mulation parmi les amateurs et les artistes !... Grâce à cette ma-
nifestation artistique, nous verrions apparaître, sans doute, plus
d'une Vénus de Milo, plus d'une Confession de saint Jérôme,
plus d'un de ces mille chefs-d'Å“uvre dont nous n'avons entendu
parler que par les mémoires du XVIe et du XVIIe siècle,-*— ou
même encore par les historiens de la Grèce et de Rome
   Nous savons aussi qu'il existe en France, — dans les provinces
les plus reculées même, — des bahuts sculptés avec le plus
grand art, — des fragments de statues qui furent jadis des
chefs-d'œuvre, des tableaux qui méritent encore aujourd'hui f ad-
miration des connaisseurs. — Quelquefois, — nous devrions
dire toujours, — ces bahuts magnifiques servent à renfermer
le laitage de la ferme, quand ils pourraient faire l'ornement
du salon; — et ces toiles admirables sont le plus souvent desti-
nées à préserver du froid le pauvre bûcheron, qui, hélas ! ne peut
se payer une vitre ; ou bien, on laisse ce chef-d'Å“uvre rem-
plir l'office d'une devanture de cheminée, avec autant d'insou-
ciance que s'il s'agissait de la prise de Malakoff ou d'Alger,
acquises en échange de quelques misérables pièces de mon-
naie chez un fabricant de papiers peints....
  N'a-t-on pas vu à Londres, la statue de Napoléon placée au
pied d'un escalier d'auberge et servant de porte-manteau Ã