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186                    LE PÈRE DE LA CHAIZE.
charges en viager, tandis que l'Edit contenait l'aliénation d'une
partie de la souveraineté nationale. » Pour préserver la France
d'une guerre intestine inévitable, Henri IV fut contraint de céder
à la force des circonstances, mais il ne sedissimulaitpastousles
périls que son Édit préparait à l'avenir. Après l'avoir signé, il ne
put cacher ses sentiments de crainte. Un jour , il dit à la reine
Marie de Médicis, « que les Huguenots étaient ennemis de l'État,
et qu'ils feraient du mal à son fils s'il ne leur en faisait. » Une
autre fois, il lui dit, en parlant de la régence qui lui serait défé-
rée, s'il venait à mourir (1), « que tôt ou tard elle serait con-
trainte d'en venir aux mains avec eux, mais qu'il ne fallait pas
leur donner de légers mécontentements , de crainte qu'ils ne
commençassent la guerre avant qu'elle fût en état de l'achever -,
que pour lui il en avait beaucoup souffert, parce qu'ils l'avaient
un peu servi, mais que son fils châtierait quelque jour leur inso-
lence (2). »
    L'Edit de Nantes provoqua une trcs-vive opposition parmi les
 catholiques. Mais à peine eut-il été enregistré que le gouverne-
 ment eut soin de faire expliquer : « que ces mots perpétuel et
 irrévocable ne signifiaient autre chose que ce qui était porté dans
les édits précédents, à savoir que l'exercice de lanouvelle religion
ne serait toléré que tant que la cause en existerait., c'est-à-dire,
jusqu'à ce que ceux qui en faisaient profession fussent mieux
instruits et convaincus en leurs consciences, par le Saint-Esprit,
d'erreur et d'hérésie ; que jusque là le roi témoignait par ces pa-
roles de sa ferme résolution de tenir son peuple en repos pour
le fait de la religion, tant que la cause d'icelle durera ; mais que
cette perpétuité sera éteinte et que la loi prendra fin , inconti-
 nent que la cause d'icelle ne se trouvera plus parmi nous, et que
Dieu aura remis les dévoyés au giron de l'église catholique (3).»


  (1) Duc de Noailles. Hist. de madame de Maintenon, t. 11, p. 240.
  (2) Hist. de la mère et du fils, (par Mczeray), Mémoires du cardinal de
Hichelieu, pages 157, 158 et 169.
  (3) Conférences ou commentaires sur l'Edit du Nantes, par P. de Bclley.
conseiller au parlement : MioO