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                LYON APRÈS LE IX THERMIDOR.                19

son atroce réfutation au nom et avec l'attache du Comité de
Salut public , dont Robespierre était membre. Puis, lorsque
ce dernier eut frappé en Danton le rival qui se faisait un dra-
peau de la clémence, et dans Hébert l'intrigant qui se faisait
un moyen de la cruauté, il s'était érigé en modérateur ; l'é-
chafaud de Commune-affranchie avait été renversé. Eh bien !
ne fallait-il pas la même politique vis a vis des égorgeurs de
Paris ? Ne fallait-il pas aussi les laisser s'enivrer de sang,
afin que cette vapeur leur montât a la tête et les perdît, afin
que les révolutionnaires de Paris, lassés, et effrayés , se je-
tassent comme les Patriotes de Lyon entre les bras du pro-
tecteur désormais le seul homme puissant ? C'est alors, seu-
lement alors, qu'il devait intervenir , armé de la terrible loi
de prairial, et apparaître comme le modérateur mais aussi
le maître de la Révolution purifiée.
   Voila bien une explication politique. Nous apercevons la
voie habilement et pas a pas suivie par une ambition pa-
tiente et dissimulatrice ; mais où est la justification mo-
rale ? Peut-être que Robespierre doit être absous des grands
excès de la terreur ; il ne doit pas être absous de ne pas s'y
être opposé, se fût-il réservé pour en être le vengeur. Il ne
tomba pas moins , et il tomba enveloppé dans ce calcul qui
était son crime, sans pouvoir même montrer comme excuse
les desseins que son esprit récelait, et qui sont encore un
problème pour l'histoire.
   La victoire de Robespierre au 9 thermidor aurait fait
aboutir la terreur à une grande dictature révolutionnaire.
Vaincu, il emporta la terreur avec lui sur son échafaud.
Elle se brisa comme un ressort forcé , sans rien laisser à sa
place pour servir de lien a la Révolution; car la Révolution
n'avait plus même sa première puissance d'entraînement et
d'initiative populaire. Elle ne bouillonnait plus; la terreur
avait glacé les âmes. La foi à la Révolution, l'enthousiasme