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8 CHENAVARl. Que la terre et l'enfer m'opposent tous leurs feux, Que l'insolent remords vomisse sa menace ! Ni dangers ni forfaits n'effrairont mon audace, Pourvu que je parvienne au terme de mes vœux. « Tous mes braves guerriers sont restés sur la plage ! Exempt de vain effroi, sans suite, sans otage, Sur ta foi je viens seul interroger le sort. Tu m'as dit, qu'à minuit, sur cette cime aiguë, L'arbitre des combats s'offrirait à ma vue, Qu'il armerait mon bras de terreur et de mort ; « Rien ne peut m'ébranler ! mais ce large nuage Qui porte dans ses flancs la lampe de l'orage, Et couvre de son deuil la rive où nous voguons, Attriste mes esprits d'un funeste présage : Me seras-tu fidèle ainsi que mon courage ?... Le fer ne défend pas contre les trahisons ! » — « Ingrat ! quel est celui qui souleva ta tête, Et la fit surnager au fort de la tempête, Quand ton ambition échouait sans appui? Mon désert t'a sauvé des royales colères. Et bientôt, ranimé par mes soins tutélaires,, Sur ton rêve orgueilleux un jour propice a lui. « Ecoute : que ma vie à ton oeil se déroule Comme ce flot d'argent qui, sous nos pieds, s'écoule ! Ne crois pas qu'en ce jour, secondant ta fureur, Mon art t'ait consacré son secours formidable, Pour élever tes pas à ce monceau de sable Que la foule a nommé : le pavois du vainqueur ! « Qu'importe ta grandeur à mon indifférence ? Pas plus que ce roseau que la brise balance ! Mais, pour ravir le sceptre, il faudra que ta main L'arrache tout fumant de la main qui le porte,