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320 LETTRES INÉDITES révolution, avec un sang froid révoltant. Je ne vous cache pas que je vous aime beaucoup moins aussi depuis cette lecture et que je ne serai jamais l'ami d'un démocrate ; il est atroce aux gens de lettres de penser comme la plupart et personne n'avoit moins à se plaindre qu'eux de l'ancien ordre de choses ; ils di- soient et imprimoient à peu près ce qu'ils vouloient, personne ne songeoit à les persécuter , ils étoient honorés, recherchés , pensionnés et bien plus qu'ils ne méritoient Pour moi je rougis autant de tenir à l'ordre infâme des avocats, qu'au corps deshonoré des gens de lettres Je ne saurois ni aimer ni estimer un homme qui penseroit diffé- remment que moi en morale et en politique .et en matière de religion. J'ai toujours été ami de l'ordre, de la décence, de l'au- torité légitime et de la foi Périssent à jamais vos exécrables /ilosophes, dont les écrits ont amené à ces excès J'aimerois mieux vivre avec un galérien qu'avec un démocrate, parce que ce dernier est capable de tous les crimes, de toutes les bassesses, de toutes les atrocités. Des gens qui nomment la délation et l'insurrection, le plus saint des devoirs ne doivent périr que de la main du bourreau. Ces citations, bien qu'elles ne soient pas inédites , nous ont parues assez curieuses pour être jointes à nos lettres, elles font admirablement connaître celui qui signale son dégoût dans ces lignes incisives. Elles ont d'autant plus de portée que lui-môme avait été lié avec quelques acteurs du drame révolulionriaire, avec Mercier, avec le baron de Cloolzel une foule de ces littérateurs qui préparèrent du moins les catas- trophes, s'ils ne se signalèrent pas d'une manière active. D'ail- leurs l'ouvrage d'où elles sont tirées n'est pas très-commun aujourd'hui, el cette vieillerie devient presque une nouveauté. IIIe LETTRE. Paris, 18 avril 1795, Si je ne sa'vois depuis longtemps, Monsieur, que l'indulgence