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LES HISTOIRE DE TACITE, traduction par M. FÉLIX OLIVIER. — Lypn, imp. d'Aimé Vingtrinier, 1857, in-8. M. Olivier vient de publier une nouvelle traduction des Histoires de Tacite. Traduire Tacite est une entreprise périlleuse, qui a fait le désespoir de J.-J. Rousseau et de bien d'autres, et qui mé- rite à ce seul titre toute notre attention. C'est encore, M. Oli- vier nous le dit lui-même, une manière de protester en faveur des lettres classiques, protestation qui n'est jamais inutile, et que les attaques récentes semblent avoir rendue aujourd'hui tout-à -fait nécessaire. Commençons par constater cette étrange anomalie que. les lettres classiques ont sans cesse besoin d'être défendues , et qu'elles n'ont pour cela rien perdu , je ne dis pas de leur impor- tance et de leur valeur, mais de leur crédit. Voici tantôt trente ans que cela dure , pour ne parler que du temps où remontent mes souvenirs, et je crois qu'il serait facile de remonter encore bien plus haut. Les lettres classiques ont beaucoup d'ennemis. L'ignorance d'abord, dont la force est considérable, parce qu'elle est en proportion de sa masse ; ensuite la préférence pour d'au- tres études que l'on juge plus utiles ou que l'on croit meilleures ; enfin, et c'est sur cette dernière inimitié que j'insiste, parce qu'elle me parait la plus sérieuse; leur difficulté même.Il y a d'abord la difficulté des langues qui est grande ; il y a ensuite une autre diffi- culté qui est plus grande que celle des langues , celle des idées et du génie des anciens qui étaient des hommes comme nous , mais qui vivaient dans un monde bien différent. Nous sentons tous qu'entre ce monde et le nôtre la différence est telle qu'il faut être perpétuellement en défiance, ou contre nos idées modernes qui nous empêchent de bien saisir celles des anciens, ou contre les idées anciennes qui ne sont pas toutes conformes aux nôtres, ni applicables au temps présent. Mais, en dépit de l'ignorance et des préjugés, en dépit de la difficulté^ même des études classiques , difficulté qui empêche beaucoup de ceux qui les font de les faire complètes, et par con- séquent d'en tirer tous les fruits qu'il faudrait, ces études garde- ront toujours leur rang, parce qu'elles sont les études pavcxccl-