page suivante »
LE PÈRE DE LA CHAIZE. 137 rompues, ils en firent porter la peine à ceux de France qui ne pouvaient se défendre de leurs fureurs. » Et il ajoute avec cette exagération de langage qui le caractérise au même degré que son coreligionnaire Jurieu : « Ils n'oublièrent pas en cette ren- contre les maximes de sang qui leur sont si chères, et il ne tint pas à eux que les peuples, déjà fort animés contre les prétendus hérétiques, ne se portassent contre eux aux dernières vio- lences, etc. » (4) De son côté, Jurieu, dans sa Politique du Clergé (2), fait dire à l'un des interlocuteurs de ce pamphlet : « A propos du P. de La Chaize, dont votre huguenot nous parlait sur l'affaire deColman, j'ai admiré comme les Anglais l'ont noirci par la publication du procès de ce Colman. Car ce Père y est partout, au milieu, au commencement et à la fin ; et c'est sur luy que roulent les preuves les plus convaincantes qui se produisent contre Colman. Il paraît que ce P. Jésuite était de la partie, et qu'il était entré bien avant dans le dessein de rétablir la religion catholique en Angleterre, par le fer et par l'effusion du sang. » Et Jurieu, non content de ne fournir aucune preuve, insinue plus loin que « quand même il serait innocent de l'affaire d'An- gleterre, il doit avoir un grand ressentiment des accusations atroces qu'on a formées contre lui, et l'intention de se venger sur les pro- testants de France des outrages qu'il prétendrait avoir reçu des protestants d'Angleterre. » Dans un ouvrage que nous citerons en son lieu, et qui est postérieur à la révocation de l'Edit de Nantes, Jurieu, mieux ins- piré, eut soin de se rétracter et de détruire lui-même cette insi- nuation. Nous ne nous attacherons donc pas à la réfuter. Quel était le crime du P. de La Chaize ? Son crime était, comme celui de ses collègues, d'avoir voulu protéger la religion (1) Histoire de l'Edit de Nantes. parBenoist, 5 vol. in-4°, à Dclft, 1695, t. m, 2 e partie, p. 371. (2) Politique du Clergé de France, La Haye, Barent Beeck, 1682, in-18, p. 120.