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ALEKANBBE BOFIEUX. 497 quable exemple de ces artistes qui ne se manifestent qu'a demi, et en qui l'homme reste toujours supérieur à son œu- vre môme la plus parfaite ; esprits dont le sous-sol pour ainsi dire, est plus riche que la surface en est productive, et qu'il ne faut pas juger seulement sur les fruits qu'on y récolte en passant. On ne trouvera nulle part en aussi grande abondance que chez nous, ces poètes qui n'ont pas chanté ou qu'on n'a pas entendus; ces âmes faites pour briller au grand jour de l'héroïsme et qui sont restées dans l'ombre, et surtout ces consciences fortes et pures qui ont préféré à la part brillante de4'imaginalion, la pari modeste et solide du travail et de la charité. Le mérite de ces vies si glorieuses devant Dieu, est précisément leur obscurité parmi les hommes ; mais comme elles nous doivent pourtant le tribut de leurs exemples, il est bon de les arracher à l'ombre ou au demi-jour, à la moindre occasion qu'elles nous en donnent. Lorsqu'un de ces hommes de vertu a été, ne fût-ce qu'une heure, un homme de style et de poésie, saisissons ardemment ce prétexte pour enrichir de son souvenir nos annales littéraires en même temps que notre livre de famille. En honorant à la fois l'écrivain distingué, mais supérieur encore aux pages qu'il nous laisse, le caractère énergique et sûr, le chrétien, fervent et résigné, dont toute la vie est un modèle, inscrivons avec piété, parmi les Lyonnais dignes de mémoire, le nom d'Alexandre Dufieux. Victor DE LAPRADE. 32