page suivante »
LES DEUX. SOEURS DE COBONNE, 303 Apportait le tribu de ses fraîches senteurs. Mais rien ne consolait cette enfant désolée ! La nuit silencieuse à sa plainte isolée, Comme l'écho divin voilé dans le saint lieu, Seule prêtait l'oreille et l'emportait à Dieu. « Voici le doux printemps qui ramène les roses ! « Loin des bois verdoyants s'est enfui l'aquilon ; « Les églantiers fleuris embaument le vallon « Et les plus belles fleurs dans nos prés sont écloses. * Ta main qui les aimait ne les cueillera plus, < « 0 ma sœur bien-aimée, ô ma jeune compagne ! « Les filles du hameau, dépouillant la campagne, « Ont couvert ton cercueil de leurs bouquets touffus. « Hélas ! me voilà seule à présent sur la terre ! « Je ne te verrai plus travaillant près de moi ! « Le bonheur s'est enfui de ce toit solitaire « Au moment où les cieux se sont ouverts pour toi ! \< Dans ce monde si grand, craintives orphelines, « Dieu nous priva bientôt de l'abri maternel ! « Mais, lis jumeaux cachés dans le creux des collines, « Nos tiges se prêtaient un appui mutuel. « Enfants, nos doux baisers séchaient nos jeunes larmes, « Ensemble nos regards saluaient le soleil, « Et, comme les oiseaux joyeux et sans alarmes, ". Toujours le même nid berçait notre sommeil. « Quand l'angelus pieux rouvrait les bergeries, « Dans la tiède saison des précoces lilas, « Nous guidions toutes deux, au penchant des prairies, <•. Nos brebis, nos agneaux bondissant sur nos pas. « Puis, c'étaient les mûriers et leurs feuilles soyeuses « Qu'il fallait ramasser par un ciel éclatant,