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                ARMOIRIES DE VIENNE EN DAUPH1NÉ.                        207

   Quelque circonstanciée que soit cette narration, il est peu
probable, si la clôture du concile de Vienne fut solennisée
par une procession, que le Pape y ait porté le Saint-Sacre-
ment. Fleury fait remarquer que dans la bulle d'Urbain IV,
pas plus que dans celle de Clément V, qui l'autorise, il n'est
parlé ni de jeûne, la veille de la Fête-Dieu, ni de procession
ou d'exposition du Saint-Sacrement (1). Cette fête a commencé
par être célébrée dans l'intérieur des églises et l'on se bor-
nait à y chanter des répons et des hymnes en l'honneur de
l'Eucharistie. Il y a trois siècles a peine que l'usage d'expo-
ser le Saint-Sacrement, de le porter en procession et de faire
des stations où l'on donne la bénédiction est universellement
établi. Tous les auteurs ecclésiastiques sont d'accord sur le
développement progressif de cette fête, devenue par la suite
des temps la plus brillante de la chrétienté et le triomphe de
la foi, comme l'appelle avec raison le concile de Trente (2).
   Charvet, il est aisé de s'en apercevoir, ne s'est rendu compte
du passé que par le présent et des cérémonies qui se prati-
quèrent a l'origine de la Fête-Dieu qne par celles qui s'ob-
servaient de son temps. Cette confusion de dates et de litur-
gies prive de toute créance son récit, qui pourtant n'a pas
laissé de séduire le savant archéologue a qui nous venons
de l'emprunter. Voici les propres termes du commentaire
dont M. Delorme a cru devoir l'accompagner :
   « Les pompes et les grandeurs de la religion catholique, dont
Vienne fut témoin dans cette circonstance, et pendant la durée
du concile, y frappèrent vivement les esprits et affaiblirent les
souvenirs des grandeurs profanes d'un passé qui s'éloignait
de plus en plus et laissait chaque jour moins de trace. D'un
autre côté, réunissant dans sa pensée, tous les titres que lui
  (1) Histoire ecclésiastique, livre LXXXV, paragraphe 27.
  (2) Origines et raison de la Liturgie catholique, par l'abbé Pascal. Paris,
Mignc, 1844, gr. in-8°, p. 614.