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U42                   LE l'ÈUE DE LA LH.UZE.

verait plus facilement le moyen de la miner. Oates exécuta bientôt
cette ignoble trahison ; mais, s'il parvint à avoir accès dans la
Compagnie de Jésus, il ne fut point assez habile pour déguiser
ses vices, et, après cinq mois, il fut ignominieusement chassé du
collège de Valladolid. Il ne se découragea pas, et « d'après l'avis
de Tonge , il fit une seconde tentative : ses larmes et ses pro-
messes triomphèrent de la répugnance du provincial , et le pé-
cheur repentant fut reçu au collège de Saint-Omer. Mais ((ates
ne sut pas maîtriser ses passions effrénées : il laissa de nouveau
percer son véritable caractère à travers le voile insuffisant dont
son hypocrisie l'avait couvert •, et sa demande d'admission au
noviciat fut accueillie par l'ordre formel de son expulsion (1). »
   Sûr désormais du succès qu'il obtiendrait auprès d'une multi-
tude fanatisée au plus haut point par les accusations que venait
de porter contre les Jésuites un nommé Luzancy, fils d'une
comédienne et apostat, Oates, de concert avec le docteur Tonge,
prépara contre eux un monstrueux échafaudage d'accusations.
L'affaire fut soumise aux lords du conseil privé, et bien que Titus
Oates eût poussé le cynisme jusqu'au point d'avouer que, pendant
un an , il avait feint, sous la robe de Jésuite, d'être catholique,
et qu'il avait, en conséquence, abjuré l'anglicanisme sur les saints
Evangiles, aucun des juges ne montra le moindre scrupule à prê-
ter l'oreille aux calomnies de cette bouche tant de fois parjure.
Aucun d'eux ne rejeta comme indigne son témoignage,
   Oates accusa donc le pape Innocent XI d'avoir voulu faire périr,
par le poison, le roi d'Angleterre, afin de réunir sa couronne à la
tiare ; il l'assura d'avoir adressé un bref ail général de la Compa-
gnie de Jésus , par lequel il lui enjoignait d'expédier des lettres
patentes pour conférer à des lords catholiques les principales
charges de la Grande-Bretagne. Il accusa les Jésuites d'avoir
formé l'exécrable projet d'anéantir l'anglicanisme, de tuer le roi,
et même le duc d'York, s'il leur refusait son concours dans l'exé-
cution de ce double crime ; il ajoutait que Louis XIV était d'ac-
cord avec le pape pour accomplir ces noirs desseins ; que le P. de

  (1) Lingard. Bist. d'Angleterre, t. VI, édition Charpentier, p. 107.