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                     CHRONIQUE THÉÂTRALE.                     261
que la tyrolienne à deux voix du Le 66. Dans ce dernier ouvrage
les couplets : Celait la Compagne fidèle,en la bémol mineur, (sept
bémols à la clé, excusez du peu),sont d'une douceur et d'une tris-
tesse qui vont au cœur. Le petit air : Cocasse, moi ? en sol majeur
à quatre temps, est d'un comique inimitable. Dans le trio, j'ai re-
marqué une fort jolie imitation à l'octave qui accuse l'habitude
du contre-point acquise dans des ouvrages plus sérieux. Je n'en
finirais pas si je voulais passer en revue la Bonne d'Enfant, et la
Bose de St-Flour qui pétillent d'originalité.
    Croque-fer a été un peu froidement accueilli par notre public.
Cela vient de ce qu'on n'a pas voulu comprendre que c'était une
imitation burlesque des mélodrames informes du moyen âge.
           Que les temps sont changés !
    Les Pantins de Violette, ce petit chef-d'Å“uvre d'Adolphe Adam,
ont obtenu le plus brillant succès par la fraîcheur du sujet et ces
mélodies si bien entendues pour laisser briller les voix. Cette der-
 nière qualité est aussi un des mérites de la saynette de M. Jonas,
le Duel de Benjamin, où l'on trouve de fort bonnes choses. La
musique est toujours bien en situation et largement traitée.
    M. Pradeau est un acteur inimitable ; il possède une fécondité
de créations mimiques vraiment surprenante.Mlles Dalmontet Ma-
réchal, sont deux charmantes cantatrices, Mlle Macé est une gen-
tille comédienne. MM. Guyot, Gerpré, Jean-Paul et Petit s'acquit-
taient fort bien de leurs emplois. Une des raisons qui rendaient
ces représentations si intéressantes est que chaque rôle était bien
étudié dans tousses détails.
    M. Offenbach, outre son talent de composition, a un autre titre
à la gloire et il n'appartient qu'à lui seul. Autant les autres com-
positeurs en renom cherchent à entraver les premiers pas des
jeunes artistes, autant le directeur des Bouffes Parisiens met
d'empressement à leur tendre la main et à favoriser leurs débuts
dans la carrière dramatique. On pourrait dire qu'il a gravé dans
sa pensée une devise de notre pays : A tous venants beau jeu et il
la met en pratique dans ce grand tournoi musical où les devan-
ciers font souvent vider les arçons aux nouveaux venus, ne
leur laissant que le découragement qui tue l'inspiration. Le con-