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                        LE PÈUE DE LA C11AIZE.                           309
motivée ; aussi le nouvel Edit d'abolition « fut-il considéré comme
un des événements les plus heureux du règne de Louis XIV (1). »
   « En un mot, si la loi des majorités à laquelle nous nous sou-
mettons aujourd'hui, a écrit M. de Noailles, eût été invoquée*à ce
sujet, Louis serait absous à nos yeux, car il avait la majorité
pour lui. »
   « Le roi, écrivait alors Mme de Maintenon, est fort content
d'avoir mis la dernière main au grand ouvrage de la réunion des
hérétiques à l'Eglise. Le P. de la Chaize a promis qu'il n'en coû-
terait pas une goutte de sang et M. de Louvois dit la même
chose. »
   «La poésie et l'éloquence, dit Rulhière (2), le marbre et l'airain,
éternisaient à l'envi cette conversion générale. On représentait,
sous les pieds du Roi, l'hydre expirante. »
   A cent ans de distance, les plus grands écrivains applaudirent
 à cet acte de vigueur. Bossuet, la Bruyère, Racine, la Fontaine,
M me de Sévigné, Quinault, Mme Desh"oulières, La Motte, M"e de
Scudéry, Rancé, Arnauld lui-même alors exilé, et plus tard Fié—
chier et Massillon célébrèrent de concert le triomphe remporté par
Louis XIV contre la réforme.
   « Nos Pères, s'écriait l'évêque deMeaux dans Y Oraison funèbre
de Michel Le Tellier (3), nos pères n'avaient pas vu comme nous
une hérésie invétérée tomber tout à coup ; les troupeaux égarés
revenir en foule et nos églises trop étroites pour les recevoir ;
leurs faux pasteurs les abandonner sans même attendre l'ordre,
et heureux d'avoir à leur alléguer leur bannissement pour excuse :
tout calme dans un si grand mouvement : l'univers étonné de
voir dans un événement si nouveau la marque la plus assurée,
comme le plus bel usage de l'autorité, et le mérite du prince plus
reconnu et plus révéré que son autorité même. Touchés de


   (1) Hist. de Madame de Mainlenon, par M. le duc de Noailles. t. II.
   (2) Rulhière, Considérations sur la révocation de l'Èdit de Nantes, t. II,
p. 138.
   (3) Oraison funèbre de Michel Le Tellier, par Bossuet, 25 janvier 1686,
in-12. Desaint et Saillant, 1762.