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                           BIBLIOGRAPHIE.                        341

 sette : les plantes fourragères et les pommes de terre. Louis XVI
 avait donné l'exemple. Il avait fait cultiver la pomme de terre
 dans les champs ouverts de ses domaines. Il avait éveillé les pa-
 roisses voisines par la défense affichée de lui dérober sa précieuse
 récolte, et il avait ordonné en secret de l'abandonner gratuite-
 ment au public. Il s'était montré un jour de fête avec des fleurs
 de pommes de terre à la boutonnière. Depuis 1789, la France a
 senti trois disettes ; la première, celle de 1794, fut une affreuse
 famine. J'ai connu le pain de la nation. En ce temps-là, la cha-
 rité, suspecte et proscrite, avait été dépouillée du vêtement dont
 elle couvrait le pauvre. La seconde disette, de 1816, et la troi-
 sième, de 1846, ont été adoucies par les blés de l'Amérique et de
la Russie. La province de Russie où abonde le blé, a été défrichée
 sous l'administration d'un émigré français.
    Il est vrai que pour obvier à l'intempérie des saisons, aux
 crises du commerce et aux vices de l'ordre social , personne ne
 songeait à l'intervention d'une puissance nouvelle, le peuple. En
 effet, jusqu'alors , aucune nation n'avait dû sa formation primi-
tive, sa civilisation, ses progrès et ses réformes à son assemblée
générale ou à une représentation émanée de son suffrage uni-
versel. Je n'en excepte ni les Suisses , ni les Hollandais, ni les
Américains. Ils avaient secoué un joug étranger ; la liberté fut
conquise après une lutte engagée et dirigée par quelques chefs
d'une vertu éprouvée. Ce n'était pas une guerre civile. L'État resta
avec les lois de son territoire, et chaque citoyen avec ses mœurs
et la possession de ses biens.
   Louis XVI avait convoqué les états généraux ; le consulat eut
la prétention d'y représenter le tiers-état. Il fut combattu par
un écrit où on lui reproche ses impôts, ses dépenses, ses dettes
et ses pensions. Il fut successivement décidé par le roi que les
corporations et la bourgeoisie de la ville, convoquées séparément,
se répartiraient, à raison de leur nombre , la nomination de cent
cinquante électeurs ; que les paroisses de la campagne en nom-
meraient deux cents de leur côté , et que toute la sénéchaussée
de Lyon aurait huit députés du tiers-état, dont quatre par les
électeurs de la ville et quatre par les électeurs de la campagne.