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                        LE PÈRE DE LA CHAIZE.                    293
ques et dans peu on y travaillera tout de bon. » Ce fut alors que
se manifesta cette ardeur de prosélytisme qui s'empara pendant
plusieurs années de la plupart des catholiques, pour attirer les
dévoyés dans le sein de l'Eglise. Convertir devint la passion
dominante , la principale" occupation de la cour et de la ville ;
grands et petits s'attachaient avec une égale persévérance à la
conquête des âmes. Il suffit de parcourir la correspondance de
Mme de Maintenon pour se rendre compte de cette foi vive et
profonde qui transportait, à cette époque, toutes les classes de la
société.
   Le P. de la Chaize, ainsi que le prouvent plusieurs passages
de ses lettres, avait été chargé par Louis XIV de la haute direc-
tion des missions dans les provinces infectées par l'hérésie.
Parmi les prédicateurs envoyés auprès des réformés, les Jésuites
se signalèrent en première ligne , et sans pression, sans dra-
gons , par la seule autorité de leur science et de leur foi, ils
opérèrent d'abord des conversions nombreuses. Malheureuse-
ment , les heureux germes qu'ils répandaient sur leur passage
étaient, après leur départ, comme frappés de stérilité.
    « La plus grande objection des protestants pour ne pas se con-
vertir était que les missionnaires ne se trouvaient parmi eux qu'en
passant (1). » Ils savaient qu'une fois partis ils ne trouveraient
plus autour d'eux les instructions que réclamait leur état. C'est
qu'en effet le clergé des campagnes ne répondait alors que de loin
au zèle apostolique des évoques et des missionnaires. La plupart
des curés et des vicaires manquaient d'instruction religieuse ;
aussi, à peine la mission avait-elle quitté les lieux où elle s'était
fait entendre, que les nouveaux convertis se trouvaient à peu
près replongés dans les ténèbres. Louis XIV fit tous ses efforts
pour remédier à ce mal qui lui était signalé , au reste, par tous
les intendants ; afin de pourvoir efficacement aux besoins spiri-
tuels de ses sujets , il eut soin de créer et de propager les sé-
minaires ; mais comme ces améliorations , pour porter d'heu-
reux fruits , demandaient du temps , le P, de la Chaize lâcha


  (1) Cardinal «le, Bausset.