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                      DANS LE SAHARA.                       89

dant les croisades ont eu autant de revers que de gloire.
La conquête actuelle de l'Afrique, ce sont les croisades re-
nouvelées, et couronnées cette fois, non plus par une gloire
stérile, mais par un succès définitif. Notre civilisation n'a
pas grandi en vain ; non contente de montrer sa supériorité,
elle prouve aujourd'hui son invincible puissance, et c'est par
le bras de la France qu'elle le prouve. Ainsi s'accomplit de
toutes les œuvres modernes celle où une pensée providen-
tielle se laisse le mieux apercevoir. On a dit de la France
qu'elle est le soldat de Dieu, comme on disait autrefois des
grandes choses qu'elle avait faites : Gesla Dei per Francos.
    Est-ce donc s'abuser que de demander à nos écrivains
et a nos poètes quelque chose de cette inspiration qui ani-
mait les contemporains de Godefroy de Bouillon et de saint
Louis, qui mettait des paroles enflammées dans la bouche
de saint Bernard et dictait à Joinville les pages les plus tou-
 chantes de notre ancienne langue française ? N'avons-nous
 pas la le sujet, sinon d'une épopée nationale, comme aurait
 dit la vieille école, du moins de chants énergiques et mâles,
 mêlés de ces aspirations généreuses et réfléchies qui con-
 viennent aux forts et aux victorieux? Comment ne s'élève-
 raient pas des voix chrétiennes et françaises pour célébrer ce
 qui a frappé l'imagination même des Arabes?
    L'Académie a reçu dix-sept pièces de vers. 11 s'en faut
 que tous les concurrents se soient rendu compte des con-
 ditions du succès et de nos exigences légitimes. Nous
 avons cependant à signaler dans plusieurs pièces,, trop im-
 parfaites pour être l'objet de mentions particulières, un
 sentiment vrai du sujet, quelques tableaux poétiquement
 décrits, des idées originales ou même des élans de lyrisme.
    Ce sont d'abord des pièces écrites d'un style assez poé-
 tique, comme celles qui portent le n° 6 et le n° 16, quoi-
 qu'on y sente parfois l'inexpérience ou l'étude. La première