Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
202             ARMOIRIES DE VIENNE EN DAUPHINÉ.

   Les premières armoiries des villes étaient fort simples et
se rattachaient ordinairement à quelque souvenir de leur
affranchissement. C'était pour la plupart du temps les tours,
les donjons, les remparts à l'aide desquels la bourgeoisie
avait tenu tète a ses seigneurs ou à ses évêques. L'orme
des armoiries de Vienne n'a pas eu d'autre origine ni d'autre
signification. Il rappelait, comme le fameux chêne de Garnica,
qui figure dans le blason de la province de Biscaye, l'arbre
sous lequel les citoyens avaient coutume de s'assembler
pour traiter de leurs affaires et du maintien de leurs fueros
ou privilèges (1). Ce fut devant l'église de Saint-Pierre-entre-
Juifs et sur la place ombragée d'un orme séculaire, que se
réunirent, pour réclamer une commune , les bourgeois de
Vienne, et c'est en mémoire du lieu où s'était organisée cette
première conjuration qu'ils adoptèrent l'orme pour armoiries.
11 leur servit de point de ralliement, a défaut des tours, des
châteaux, des forteresses que le clergé retenait dans ses
puissantes mains, et c'est a ce titre qu'il devint l'emblème
de la nouvelle commune. Il remplaça sur les sceaux et les
bannières de la cité, non l'aigle qui n'a laissé de trace nulle
part, mais bien le chef couronné de S. Maurice que Vienne
avait porté tant qu'elle ne faisait qu'un seul et même corps
avec l'église, l'archevêque et le chapitre. L'orme est le signe
de l'affranchissement communal, et il a continué de servir
seul d'armoiries à la ville tant qu'elle a conservé la jouissance
ou du moins le souvenir des franchises des libertés dont il
est le symbole.
   L'addition du calice et de l'hostie ne date que d'une épo-
que où il n'y avait pour ainsi dire plus de commune à

  (1) La vraye et parfaite science des Armoiries, par Pierre Paillot ;
Paris, 1661, in-fol., p. 45. — Origine des Armoiries, par le P. Menestrier,
Paris, 1679, in-12, p. 177,