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ALEXANDRE DUFIEUX. 493 par lesquels il s'était annoncé. La précision, la clarté, la fer- meté de son style témoignaient d'un esprit assez vigoureux pour se dégager des langes de l'imitation, et apporter un élément personnel et original dans toutes ses œuvres, après avoir commencé, comme chacun le fait, à s'inspirer d'aulrni. L'ancien Réparateur, la Gazette de Lyon, à la fondation de laquelle Dufieux coopéra activement, et plus lard, le Salut Public et là Revue du Lyonnais publièrent de lui des mor- ceaux qui furent tous remarqués. Dans ces divers journaux, la question d'Orient est celle qui exerça le plus souvent sa plume ; évidemment ce sujet, le plus considérable, le plus fer- tile en grandes conséquences religieuses et sociales, et si on peut le dire, le plus poétique de notre politique étrangère, préoccupait et passionnait cette intelligence où les préoccu- pations du père de famille, tenaient la poésie silencieuse mais sans l'exclure. Les premières et les dernières pages de lui, que.nous ayons sous les yeux, dans le Réparateur Ae 1841, et dans le Salut Public de 1854, témoignent toutes des vues élevées et de l'ardent patriotisme de l'auteur; elles sont toutes animés du môme esprit, le désir de voir la France intervenir d'une manière digne d'elle, dans ce grand drame dont la prise de Sèbastopol n'est pas le dernier acte. Le prix de ces nobles pages est encore relevé pour ceux qui savent au milieu de quel enchaînement d'énergiques labeurs, de souffrances physiques poignantes, de soucis matériels ces pages ont été écrites. Pour se mêler ainsi, aux luttes quoti- diennes de la presse sans y être convié par la moindre ambition, même littéraire, et quand on avait eu la force de faire, aux austères devoirs de la vie, le sacrifice d'une vocation plus chère et plus impérieuse que celle de publiciste, il faut être mû par les vives et fortes croyances qui animaient Dufieux et qui avaient conservé dans cette frôle organisation un res- sort moral, si puissant Dès qu'on avait échangé avec lui quel-