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496 ALEXANDRE DUFIEUX. ques paroles intimes, on s'était aperçu de la souveraineté absolue qu'exerçaient dans cette âme et dans cette vie l'idée du devoir et celle du sacrifice. Dans sa laborieuse carrière, il ne toucha que par moment, et pour ainsi dire, par des excursions à la littérature. Malgré la distinction de ces témoignages, ainsi clair-semés, d'un esprit supérieur, ce n'est pas le titre d'écrivain qui doit lui assurer la meilleure part de nos souvenirs et de nos regrets, c'est la valeur morale de l'homme qui donne un prix si élevé aux fragments dissé- minés, dont l'auteur n'a pu faire un faisceau durable. Si minces que soient ces parcelles d'un diamant brisé par une destinée rude et douloureuse, enchâssées comme elles sont dans l'or solide el pur de toute une vie de labeurs incessants, de luttes courageuses, de pieuse abnégation, d'affections dé- vouées, elles se conservent et brillent d'une douce lumière aux yeux de tout ceux qui cherchent la poésie dans le fond et non à la surface des choses. Quand le hasard nous révèle un de ces poèmes silencieux qui s'accomplissent dans une vie, sans se traduire dans un livre, payons à l'auleur en religieuse tendresse, en longue el sérieuse estime, la part qu'il n'a pas obtenue de renommée et de bruyante admiration. Disons-le ici, à l'honneur de notre ville, le nombre de ces esprits so- lides, de ces âmes exquises qui cachent une haute valeur sous des dehors simples, austères, souvent même un peu ternes et effacés, le nombre de ces intelligences y est plus grand peut-être, qu'en beaucoup d'autres provinces, que l'on juge au premier abord plus ouvertes à la vie de l'esprit. La pureté des familles engendre parmi nous, el la foi religieuse y con- serve des natures particulièrement marquées d'un cachet d'élévalion, de persévérance el de scrupuleuse droiture intel- lectuelle. L'homme qui restera longtemps le plus éminentdes penseurs et des écrivains de notre cilé, l'un des premiers de noire siècle, notre illustre et cher Ballanche, est un remar-